Alice et le Maire , film français réalisé par Nicolas Pariser, sorti en 2019


Distribution:

  • Fabrice Luchini : Paul Théraneau, le maire de Lyon
  • Anaïs Demoustier : Alice Heimann
  • Nora Hamzawi : Mélinda
  • Léonie Simaga : Isabelle Leinsdorf
  • Antoine Reinartz : Daniel

Fiche technique:

  • Réalisation et scénario: Nicolas Pariser
  • Directeur de la photographie : Sébastien Buchmann
  • Montage : Christel Dewynter
  • Musique : Benjamin Esdraffo
  • Producteur : Emmanuel Agneray
  • Production : Bizibi, Arte France Cinéma, Les Films du 10 et Scope Pictures
  • Durée : 103 minutes
  • Dates de sortie : 18 mai 2019 (Festival de Cannes - Quinzaine des réalisateurs)
    • 2 octobre 2019 (sortie nationale)
  • Récompenses
    • Festival de Cannes 2019 : Label Europa Cinemas de la Quinzaine des réalisateurs
    • César 2020 : Meilleure actrice - Anaïs Demoustier

Après 30 ans dans la vie politique, le maire de Lyon, Paul Théraneau, est un homme fatigué et en manque d'inspiration. Son équipe lui adjoint alors une jeune normalienne et philosophe, Alice Heimann, pour le stimuler. Elle est chargée de raviver l’engagement du maire usé.

S’emparer de la chose publique et décrypter les enjeux du pouvoir politique contemporain ont rarement été l’affaire du cinéma français, à l’exception du merveilleux film de Pierre Schoeller L’Exercice de l’État (2011), avec davantage de comédie. Fabrice Luchini campe à merveille le maire de Lyon, lessivé par trente ans de métier et toujours réticent à accepter l’idée qu’il se dirige, en marche lente mais inexorable, vers le cimetière des éléphants roses.

« Je dois tout à Éric Rohmer », dit le réalisateur Nicolas Pariser, qui a eu la chance de suivre les cours du cinéaste à la Sorbonne.

Ici le plaisir de passer côté coulisses a quelque chose d’inédit, car Nicolas Pariser ne cherche pas à imiter l’efficacité et la vitesse des séries TV. Comme chez Rohmer, son film repose sur les dialogues, volontiers didactiques. La conversation dicte les mouvements de caméra, fait avancer l’action et évoluer les personnages. Et la relation entre Alice et le maire a le bon goût de rester platonique, même si une légitime ambiguïté peut naître de leur complicité.

En limitant son observation du monde politique à l’échelle de la municipalité, avec son lot d’inaugurations, de réunions voirie, de vernissages et de soirées à l’Opéra, le cinéaste fait le choix de la modestie, qui est aussi le thème de la première fiche rédigée par la jeune philosophe à l’édile en manque de repères.

Les nombreux lieutenants qui gravitent autour du duo, une première adjointe ultra autoritaire, un directeur de la communication bouffi d’ignorance, ne sont jamais condamnés à un rôle univoque. Le cinéaste se place clairement de leur côté, sans les juger. Il laisse cet emploi-là à un personnage de libraire désabusé qui méprise les « politiques » dans leur ensemble et ne comprend pas pourquoi une intellectuelle aussi brillante et lucide qu’Alice se rabaisse à frayer avec cette engeance.

Aucune naïveté pourtant chez Pariser, qui montre bien, en s’en moquant avec malice, la victoire des communicants sur les décisionnaires et l’absence problématique de références culturelles classiques parmi les jeunes générations.

Refusant la facilité de la satire, le cinéaste fait l’audacieux pari de l’intelligence et de la lenteur dans une époque affolée par la réactivité.

«?La mise en scène, limpide, que l'on devine férue de Rohmer comme de Guitry, délimite une arène princière à ses comédiens et Anaïs Demoustier y brille comme rarement. Mais la grande joie du film est de voir Fabrice Luchini rapiécer la gangue de caricature de lui-même dans laquelle l'avaient enfermé deux ou trois décennies de rôles et de comptoirs télé pour que ressurgisse, plein d'évidence, dans l'espace d'un film entier, un comédien prodigieux d'intelligence calme, qui nous avait manqué.
Julien Gester, Libération, 20 mai 2019

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