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Adieu Gary Cooper , film français de Nassim Amaouche, sorti en 2009

Distribution:

  • Jean-Pierre Bacri : Francis
  • Dominique Reymond : Maria
  • Yasmine Belmadi : Samir
  • Mhamed Arezki : Icham
  • Sabrina Ouazani : Nejma
  • Hab-Eddine Sebiane : Abdel
  • Alexandre Bonnin : José
  • Bernard Blancan : Le voisin de Francis
  • Azzedine Bouabba : Azzedine
  • Frédéric Hulne : Le médecin
  • Mohamed Mahmoud Ould Mohamed : le père d'Abdel
  • Abdelhafid Metalsi : Le nouveau voisin
  • Mariam Koné : La vendeuse en ange

Fiche technique:

  • Titre : Adieu Gary Cooper
  • Réalisation : Nassim Amaouche
  • Scénario : Nassim Amaouche
  • Directeur de la photographie : Samuel Collardey
  • Montage : Julien Lacheray
  • Musique originale: Le Trio Joubran
  • Production : Jean-Philippe Andraca, Christian Bérard
  • Sociétés de production : Les Films A4, en collbaoration avec Rhône-Alpes Cinéma et Studio Canal
  • Dates de sortie :
    • 17 mai 2009 ( Festival de Cannes )
    • 22 juillet 2009 France

Analyse critique

Samir, après avoir purgé une peine de prison de moyenne durée pour un petit trafic, revient chez son père Francis, veuf, qui vit dans un quartier ouvrier dont l'usine a fermée quelques temps auparavant. La population, majoritairement immigrée d'Afrique du Nord, est desœuvrée. Son frère Icham lui trouve un travail de réinsertion dans le supermarché local, mais rapidement Samir ne peut supporter cette condition et quitte son travail, au grand dam de son père lui-même licencié de son usine malgré les actions des syndicats.

Ne supportant pas de ne pas finir un travail commencé, Francis continue pourtant seul à réparer l'ultime grosse machine de l'usine, qui est petit à petit démontée et envoyée en pièces détachées à l'étranger. Il entretient également une liaison secrète avec sa voisine Maria, dont le mari est parti quelques années auparavant, la laissant seule avec un fils devenu mutique et attendant le retour de son père.

Le temps s'écoule lentement dans la cité ouvrière, et d'autres rapports sociaux s'installent entre les habitants : le travail vient à manquer et les jeunes s'en vont, les petits trafics et débrouillent s'organisent, les travailleurs sociaux étant partis avec l'arrêt de l'usine les mosquées font offices de lieux de rencontre et d'entraide communautaire.

Au milieu de nulle part, une cité ouvrière vidée de sa population depuis quelques années déjà. Pourtant, certains habitants ont décidé d’y rester, plus par choix que par nécessité, parce que c’est là qu’ils sont nés et qu’ils ont grandi. Parmi eux Maria, la voisine, vivant seule avec son fils José qui veut croire que son père est Gary Cooper (d'où le titre, en ellipse, car Adieu Gary Cooper était déjà pris.). Il va donc l’attendre tous les jours dans la ruelle de ce no man’s land contemporain, qui ressemble à s’y méprendre à un décor de Western.

L'usine faisait vivre un peu tout le monde. Depuis sa fin, la petite cité s'est assoupie. Comme en léthargie. Anesthésiée. Plus d'association scolaire, ni sportive : les enfants et les adultes traînent, sauf Abdel, bien sûr, qui, sur son fauteuil roulant, se croit sur un circuit de F1, fonçant comme un malade pour ses livraisons illicites.

En attente. Ils semblent tous en attente. Le frère de Samir apprend l'arabe (« N'importe quoi ! », ricane Francis) pour aller vivre au bled. Le « nouveau voisin », celui qui constate que les fidèles du vendredi sont rares à la mosquée, s'amuse à attirer les gamins avec ses tours de magie.

C'est un premier film court, aérien, fragile, présenté et primé à la Semaine de la critique de Cannes 2009. S'il séduit, c'est surtout parce qu'il est en osmose parfaite avec ses personnages : doux et discret, comme eux. Nassim Amaouche a su capter au vol des gens et des lieux comme en vacance permanente. En décalage léger. On les a abandonnés, tous, ils ne servent plus à grand-chose, mais ils continuent de survivre, presque étonnés d'être encore là.

Le réalisateur filme « en creux » cette ville et ces paumés. Scènes courtes. Scènes muettes. Scènes apparemment sans importance, que certains pourront trouver inutiles – puisqu'il ne s'y passe rien –, essentielles, pourtant, par ce qu'elles suggèrent de secret, de caché, d'enfoui. Avec des moments de doute : Samir, las de jouer les souris grises dans le supermarché, qui déambule en silence le long du fleuve. Et des instants d'euphorie : l'anniversaire d'une vieille dame, organisé dans le café du coin, où tout le quartier s'est réuni, où tout le monde sourit, même Francis. Nous assistons aussi à des moments de pure fantaisie, quand, dans la nuit, un cavalier surgit au galop et traverse la ville endormie. C'est Gary Cooper. Ou son fantôme, venu éblouir un adolescent fragile.

 

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