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Adieu ma concubine, un film chinois de Chen Kaige, sorti en 1993

 

Distribution:

  • Leslie Cheung (Dieyi / Douzi)
  • Zang Fengyi (Xiaolou)
  • Gong Li (Juxian)
  • Ge You (Yuan)
  • Lei Han (Xiao Si)

Fiche technique:

  • Titre original : Bawang bieji
  • Réalisation : Chen Kaige
  • Scénario : Lilian Lee, Lu Wai
  • Musique :Zhao Jiping
  • Date de sortie : 1993
  • Genre : drame
  • Durée : 169 minutes
  • Production : Hsu Feng
  • Images : Gu Changwai

Enfants, Douzi et Xiaolou se sont liés d'amitié à l'école de l'opéra de Pékin.
Ils ne se sont jamais quittés, jouant ensemble "Adieu ma concubine".
Dieyi - nom de théâtre de Douzi - est homosexuel; il aime sans espoir Xiaolou qui a épousé Juxian. Désespéré, Dieyi se jette dans les bras d'un mécène, maître Yuan, et sombre dans la drogue.
Mais, toujours, l'amitié et la scène réunissent Dieyi et Xiaolou, en dépit des aléas de l'Histoire. Le coup le plus dur leur viendra du jeune Xiao Si, qu'ils ont adopté et auquel ils ont enseigné leur art.
À cause de lui et de la Révolution culturelle, ils s'entredéchireront en public.

L'an 206 av. J.-C., Qin Shi Huangdi, fondateur de l'Empire chinois, est mort et deux dynasties, les Han et les Chou, combattent pour lui succéder. Xiang Yu, roi de Chou, averti de sa défaite par de funestes présages, ordonne à Yu Ji, sa concubine, de s'enfuir. Mais celle-ci refuse; elle danse une dernière fois pour son roi, lui dérobe son épée et se donne la mort.

Tel est l'argument d' Adieu ma concubine, la pièce dont les représentations rythment le film, lui confèrent la solennité et les dominantes rouges et or d'un opéra enraciné dans une tradition millénaire, et lui fournissent le cadre idéal de l'espace scénique où mettre en rapport et en conflit les personnages, entre eux et avec le monde extérieur.
Avec ses maquillages et ses costumes, sa gestuelle et ses acrobaties, ses psalmodies immuables, l'opéra de Pékin, dont Adieu ma concubine est un classique, tente de figer pour l'éternité la culture et le temps, tandis qu'autour de lui l'Histoire façonne l'avenir.

La coexistence problématique, au coeur des hommes comme des sociétés, de la tradition et du modernisme, est le motif central du film , qui confronte la permanence de la pièce et le destin de ses protagonistes aux soubresauts de l'Histoire, de 1924 à 1977, du rétablissement de la République à la Révolution culturelle, en passant par l'occupation japonaise et le douloureux enfantement du communisme.

Une scène cruciale sidère par sa force cinématographique: celle du procès et de l’humiliation publique de Cheng, Duan et Juxian. Acculés derrière un mur de feu allumé par de jeunes Maoïstes, les trois personnages risquent le lynchage s’ils ne se renient pas mutuellement. La séquence est tournée avec une longue focale qui aplatit la perspective, instaurant une atmosphère étouffante et donnant l’impression que les flammes lèchent déjà les prisonniers agenouillés, qui crient d’ailleurs de douleur. Ce passage s’avère d’autant plus poignant et cauchemardesque que c’est le moment que choisit le cinéaste pour nous révéler la lâcheté de Duan: il renie ses deux compagnons, provoquant ainsi le suicide de Juxian et la mort affective de Cheng.

Chen Kaige est né en 1952. Au cours de la Révolution culturelle, il fut contraint de dénoncer publiquement son père, cinéaste réputé, pour « déviationnisme ». il réalise son premier film, Terre jaune, en 1984.

Adieu ma concubine a reçu la Palme d'or à Cannes en 1993, ex-aequo avec "la leçon de piano" de Jane Campion

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