Sept ans de réflexion, un film américain de Billy Wilder, sorti en 1955

Distribution:

  • Marilyn Monroe : "The Girl"
  • Tom Ewell : Richard Sherman
  • Evelyn Keyes : Helen Sherman
  • Sonny Tufts : Tom MacKenzie
  • Robert Strauss : Mr. Kruhulik
  • Oskar Homolka : Dr. Brubaker
  • Marguerite Chapman : Miss Morris
  • Victor Moore : Plumber
  • Roxanne Arlen : Elaine
  • Donald MacBride : Mr. Brady
  • Carolyn Jones : Miss Finch

Fiche technique:

  • Titre original : The Seven Year Itch
  • Réalisation : Billy Wilder
  • Scénario : Billy Wilder et George Axelrod , adapté d'une pièce de celui-ci
  • Photographie : Milton Krasner
  • Musique : Alfred Newman
  • Montage : Hugh S. Fowler
  • Production : 20th Century Fox
  • Durée : 105 minutes
  • Date de la sortie USA : 3 juin 1955

Le film débute par une séquence chez les indiens Algonquins qui ont donné le nom Manhattan à cette célèbre île de New York: il y a quelques centaines d'années, les guerriers font leurs adieux à leurs femmes et enfants qui partent pour des régions plus fraîches pendant les grandes chaleurs d'été.

Richard Sherman, un responsable dans une petite maison d'édition spécialisée dans les rééditions bon marché avec des couvertures aguichantes, a accompagné sa femme Helen et son fils Ricky à la gare pour les mêmes raisons: ceux-ci quittent la fournaise new-yorkaise pour se rendre dans l' État du Maine, bien plus accueillant en été.

À peine séparés, les tentations sensuelles sont déjà présentes et menaçantes, mais Richard se promet de ne jamais y succomber, comme d'ailleurs à l'alcool et à la cigarette, selon la recommandation de son épouse. Il rentre chez lui et, évidemment, fait la connaissance d'une jeune femme "The girl" à la beauté fatale, un modèle dans la publicité qui a emménagé dans l'appartement des voisins du dessus.

Il se promet bien de résister à la tentation. Mais Richard est un homme à l'imagination galopante et conçoit ainsi plein de scénarios, par exemple pour révéler à sa femme son pouvoir de séduction ou pour charmer cette nouvelle voisine. Grâce à cette fantaisie d'esprit, il se donne aussi de bonnes raisons d'agir. De fil en aiguille, d'un premier rendez-vous au suivant, une relation avec l'irrésistible starlette peut s'engager.

Quelques personnages secondaires, au type marqué, viennent troubler soit ses intentions soit interroger sa mauvaise conscience. Par exemple le Dr Brubaker, auteur d'une étude intitulée "De l'homme et son subconscient", que l'éditeur veut renommer "Du sexe et de la violence", livre dans lequel Richard découvre avec intérêt que beaucoup d'hommes dans leur septième année de mariage passent par un processus d'infidélité sporadique nommé "la démangeaison de la septième année" ( The seven year itch).

Ce film est tiré d'une pièce de théâtre, écrite par George Axelrod, qui avait rencontré un très grand succès à Broadway depuis 1952. Cependant le sujet de la pièce, une affaire d'adultère, ne pouvait pas passer à Hollywood à cette époque, alors sous la coupe du tristement célèbre Code Hays, une commission réglant la morale des oeuvres de cinéma.
Billy Wilder et George Axelrod ont donc dû modifier de manière conséquente l'intrigue pour le film. Mais c'est dans la contrainte que Wilder devient inventif. Il y a beaucoup de désir chez Richard mais pas de concrétisation contrairement à la pièce qui aborde l'adultère de manière directe et drôle. Les dialogues sont coupés au couteau dans leurs effets humoristiques. Souvent c'est en mode subjectif et Richard, à haute voix, partage avec le public ses pensées.

Le film joue avec la réalité et le monde onirique car Richard est très imaginatif. Une séquence clin d'oeil où il se fait séduire par une femme fait référence à la scène mémorable de Tant qu'il y aura des hommes (1953) entre Burt Lancaster et Deborah Kerr sur la plage. Ces visions oniriques étaient aussi un moyen de contourner légérement le code Hays.

Par exemple Richard imagine "the Girl" très sexy dans une robe de tigresse.
Une autre scène onirique la montre dans son bain, où elle pourrait d'ailleurs être attaquée par un monstre, une creature du black lagoon!
Encore une scène de rêve quand à la télévision pendant son clip publicitaire pour du dentifrice, elle en profite pour révéler au monde entier les agissements de Richard, qui devient parano.

Mais la plus célèbre scène de toute la carrière de Marilyn, est celle de la grille de métro où sa robe blanche se soulève. Même le tournage est resté fameux: c'est le 15 septembre 1954, à l'angle de Lexington Avenue et de la 52e Rue, devant le Trans-Lux Theater qu'elle fut tournée. Le contexte était le suivant : au hasard d'une promenade dans les rues de New York, Marilyn s'attarde avec délice sur une grille de ventilation du métro où l'appel d'air provoqué par le passage d'une rame dans le souterrain (en réalité, un énorme ventilateur électrique) fait voler les pans de sa robe. Des milliers de badauds, de reporters et de photographes encombrèrent les lieux du tournage, provoquant des embouteillages monstres. Cela déclencha également la fureur de Joe DiMaggio, alors époux de Marilyn.

Le reste du rôle de Marilyn est plutôt celui d'une nunuche:

  • Elle n'a même pas de nom (dans le script, elle est "The Girl", la fille), ce qui signifie en gros un cul sans tête.
  • Elle est belle, le sait : elle séduit sans vouloir séduire. Dans le film, elle a 22 ans alors que pendant le tournage elle en avait 28, et vivait de difficiles moments avec Joe DiMaggio, ce qui s'est soldé par leur divorce après quelques mois de mariage seulement, et pendant le tournage du film.
  • Marilyn apparaît à la dixième minute du film environ, lors d'une première rencontre avec Richard dans le corridor du petit immeuble. Elle porte une robe blanche à pois noirs et revient avec ses courses.
  • Ensuite elle écrase presque son voisin du dessous avec un lourd pot contenant un plant de tomates. Le lien peut se créer puisqu'il l'invite à boire une verre.
  • Dans une scène onirique, Richard l'imagine très sexy dans une robe de tigresse. Rachmaninov fait alors fondre les corps... et les esprits.
  • Dans une sorte de pyjama rose bonbon (quel goût ces ricains!), une longue scène dans l'appartement de Richard. Il y a notamment une allusion sympathique puisque le personnage joué par Marilyn a, comme début de carrière, à l'instar de Marilyn elle-même, posé pour une photo pornographique ("I posed for this picture... US Camera... I was... It was one of these... artistic pictures...").
  • Après être allée chercher du champagne, elle revient dans une robe blanche aux bretelles dégrafées pour mieux aguicher avec sa lourde poitrine
  • Puis une importante scène au piano où ils jouent les deux le morceau "Chopsticks". Elle rentre chez elle après un quiproquo par terre.
  • Une autre scène onirique la montre dans son bain, où elle pourrait d'ailleurs être attaquée par un monstre, une creature of the black lagoon!
  • Encore une scène de rêve: à la télévision pendant son clip publicitaire pour du dentifrice, où elle en profite pour révéler au monde entier les agissements de Richard, qui devient parano.
  • Lorsqu'il rentre du travail, elle l'accueille en bustier, penchée à sa fenêtre.
  • Ils vont finalement au cinéma voir Creature of the black lagoon (1954, La créature du lagon noir), un classique de Jack Arnold.
  • Le dentifrice sera aussi l'excuse d'un premier baiser.
  • Retour à l'appartement. Après un début de conversation, elle doit le quitter précipitamment: "Goodnight Miss, huh... Whatever your name is..." (Bonne nuit mademoiselle euh... mademoiselle je-ne-connais-pas-votre-nom!). En raison de la chaleur, elle revient et demande à pouvoir rester pour la nuit dans l'appartement de Richard muni d'air conditionné. Ils se réveillent le lendemain matin en tout bien tout honneur, elle prend une douche, apparaît en peignoir. Une allusion amusante révèle le statut de star de Marilyn puisque Richard, à Tex qui lui demande de quelle blonde il parle: "Maybe it's Marilyn Monroe". Cette mise en abyme grossière ne fait rire personne.
  • Elle lui fait un dernier signe d'adieu à la fenêtre: il part rejoindre sa femme dans le nord du pays.

Mais ce film ne portera pas chance à Marilyn: Le 29 octobre 1954, Joe et Marilyn divorcent, et en janvier 55 la Fox rompt le contrat de Marilyn, qui part s'installer à New York.

Récompenses:

  • 1956 Golden Globes du meilleur acteur pour Tom Ewell
  • 1956 nomination au BAFTA Awards Meilleure actrice étrangère pour Marilyn Monroe
  • 1956 nomination Directors Guild of America, pour Billy Wilder

 

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