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La Nuit du chasseur (The Night of the Hunter) , de Charles Laughton , 1955.

Distribution:

  • Robert Mitchum : le révérend Harry Powell
  • Shelley Winters : Willa Harper
  • Lillian Gish : Rachel Cooper
  • Billy Chapin : John Harper
  • Sally Jane Bruce : Pearl Harper
  • James Gleason : Birdie Steptoe
  • Peter Graves : Ben Harper

Fiche technique:

  • Titre original : The Night of the Hunter
  • Réalisation : Charles Laughton
  • Scénario : James Agee et Charles Laughton
  • Musique : Walter Schumann
  • Photographie : Stanley Cortez
  • Producteur : Paul Gregory
  • Durée : 93 minutes
  • Dates de sortie :
    29 septembre 1955 (USA)
    11 mai 1956 (France)

Le film se situe dans les années 1930, la dépression frappe les États-Unis. Harry Powell criminel psychopathe, spécialisé dans l'assassinat de veuves est arrêté pour vol de voiture. Après un court séjour en prison, Harry Powell part à la recherche du magot que son ex-camarade de cellule, Ben Harper, qui vient d'être pendu pour meurtre, a caché. Prenant l'apparence d'un prêcheur fanatique, Powell retrouve les deux jeunes enfants et la femme de Harper afin de découvrir où a été caché l'argent.

Ce magot repose dans les entrailles de la poupée de la petite Pearl, fille de l'homme en question. Mais Powell l'ignore. Seul, John, le fils d'Harper connaît la vérité. Avant que son père ne soit arrêté, il lui a juré de se taire et de s'occuper de sa petite soeur. Afin de percer le secret, sous l'identité du prêcheur Powell commence par épouser la veuve du voleur, la naïve Willa. Peu de temps après, il la poignarde.

Powell poursuit, jour et nuit, les deux enfants qui se sont enfuis, terrorisés par leur beau-père. Après avoir descendu la rivière, ils trouvent refuge auprès de Rachel dont la mission sur Terre semble devoir être l'accueil des enfants perdus, victime de la Grande Dépression.

L'affrontement entre la vieille femme à la détermination farouche et au courage indomptable, et le faux prêcheur, incarnation du Mal absolu, peut maintenant prendre place. Il tournera à l'avantage du bien, mais après de très noires péripéties

C'est l'unique film réalisé, aux États-Unis, par l'acteur britannique Charles Laughton, monstre sacré de l'écran. À partir d'une situation construite sur les dichotomies (le bien-le mal, les adultes-les enfants, le jour-la nuit, le studio-l'extérieur, etc.), Laughton a réalisé une œuvre à part, complexe, inclassable, unique, empruntant aussi bien au western qu'au film noir ou au conte cauchemardesque pour enfant, dont le fantastique n'est jamais loin. L'échec commercial du film empêcha Laughton de réaliser d'autres films.

Le scénario du film est basé sur un roman du même titre de l'écrivain et scénariste américain Davis Grubb, publié en 1953.

Ce film est un chef d'œuvre incontesté du cinéma, régulièrement classé dans les premiers films préférés des critiques, La Nuit du chasseur, mais c'est avant tout un bijou à part. Son noir et blanc scintillant, sa musique douce et terrifiante, ses interprètes au sommet de leur art en font une œuvre poétique et plus encore, lyrique.

S'il est des films dont on dit qu'il se dégage "quelque chose", celui de Laughton ne nous laisse pas indemne. Facile, il utilise des enfants pour victime d'un ex-prisonnier ! Si seulement... Les enfants -et surtout le petit garçon, terriblement convaincant- sont autre chose que des victimes, ils ont une force de caractère comme on la leur connaît, la peur les rend d'autant plus dégourdis qu'ils ont l'habitude de l'être et l'attendrissement qu'ils provoquent est plus grand encore quand le diabolique Powell devient frénétiquement incontrôlable.

La scène dans la maison, après la disparition de la mère, est d'une tension, d'une folie et d'une terreur indescriptibles. Mais quand les enfants s'endorment dans leur barque se laissant porter par la rivière, la grandeur du cinéaste et la beauté magique de ce conte explose radicalement aux yeux. D'autant que la deuxième partie du film est remarquable, notamment par la confrontation entre Lillian Gish en bergère protectrice face au loup Robert Mitchum.

Ce film ne se veut en aucun cas un récit réaliste. Il s'agit d'un conte, d'un rêve, ou plutôt d'un cauchemar dont le génie malfaisant emprunte les traits de Robert Mitchum, et dont la bonne fée n'est autre que la très grande Lilian Gish. Entre eux, deux enfants. Le conte est pour eux.

Et pour les spectateurs ébahis de tant de beauté et de terreur, qui resteront à jamais ces enfants dérivant au fil de la rivière dans un décor artificiel d'une poésie à couper le souffle. Car ce conte est aussi un magnifique poème graphique.

Le noir et blanc de Stanley Cortez , ses contrastes lumière/ombre, ses compositions expressionnistes, ses hommages évidents au cinéma de Griffith, reste l'une des marques les plus notables du film.

Le télescopage de cette poésie visuelle (en fait le regard des deux enfants sur l'histoire) avec la force tranquille, brutale et charnelle de Mitchum, est une autre clé pour comprendre cette impression de fascination et de malaise qui nous envahit pendant cette heure et demie de frissons. Car la peur préside à la vision de "La Nuit du Chasseur".

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