Fleurs d'équinoxe (Higanbana) , film japonais de Yasujiro Ozu, sorti en 1958. |
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Distribution:
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Fiche technique:
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Le bonheur, n'est-ce pas aussi un peu triste ? L'homme d'affaires Hirayama se montre fort réticent lorsqu'il apprend que sa fille Setsuko veut épouser un gendre qu'il n'avait pas envisagé. Elle organise le mariage sans son aide et c'est contre sa volonté qu'il y assiste. Le couple part ensuite pour Hiroshima. Poussé par ses amis, Hirayama surmonte ses convictions et va les visiter. Les synopsis des films d'Ozu peuvent tenir la plupart du temps en une ou deux phrases et Fleurs d'équinoxe ne fait pas exception. Ozu l'affirma souvent, peu lui importait l'intrigue, l'essentiel étant ses personnages, leur manière de se comporter, d'agir, de réagir. Presque tous ses films racontent à peu près la même histoire, celle des conflits entre parents et enfants, les uns voulant marier les autres contre leur volonté. Cette permanence thématique est illustrée de façon toujours identique et ce dès l'immuable générique défilant sur un fond de toile de jute. Mais pour la première fois chez Ozu, les caractères apparaissent en couleur, noirs, blancs et rouges. Cette découverte de l'Agfa-Color donne au film une teinte très particulière, aux belles couleurs, notamment dans la gamme des rouges, faisant ressembler la pellicule aux traditionnelles photos peintes. Et ce rouge est en harmonie avec le titre "Fleurs d'équinoxe" "Higanbana": il s'agit d'une amaryllis qui fleurit à l'équinoxe d'automne. Elle symbolise la naissance d'une nouvelle saison alors qu'une précédente, l'été, est passée. Elle évoque aussi le "hakenai " japonais, sorte d'intense nostalgie mêlée de regret. C'est un terme souvent utilisé lors de funérailles... Ici, il correspond aux sentiments du père devant son impuissance à imposer sa volonté à ses filles, à l'ancienne "mode", celles-ci symbolisant la modernité et donc un nouvel âge, une nouvelle saison, une nouvelle vie. La couleur rouge est donc prédominante dans le film. Elle se retrouve dans la théière omniprésente et les habits de la plus jeune sœur, qui représente encore plus que son aînée la nouvelle vie, le futur, son tee-shirt, son sac. Autre constante, qui est la marque du réalisateur: la place de sa caméra, toujours à hauteur de la " position du tatami". La vision doit correspondre à celle de quelqu'un assis en position traditionnelle sur le tatami, soit environ à 90 cm du sol. Ce placement entraîne une immobilité des plans mais aussi une distance établie entre le spectateur et les personnages. Dès le deuxième plan du film, Ozu nous place dans un de ses lieux favoris,
après les intérieurs des maisons japonaises: une gare. Il les envie peut-être mais lorsque sa fille aînée Setsuko lui annonce
l'intention de se marier avec l'homme qu'elle aime, il oublie son beau
discours. Le père est une contradiction vivante entre son discours extérieur
et son comportement familial. Il encourage Yukiko, l'amie de sa fille,
à aller contre la volonté de sa mère et à épouser l'homme qu'elle aime
mais refuse la même chose à Setsuko, sans s'apercevoir que la jeune fille
ruse (elle reprend à son compte l'histoire de Setsuko) afin de le mettre
devant ses propres contradictions… Cette inconséquence, loin de rendre le personnage antipathique, renforce au contraire son humanité en dévoilant ses failles. Hirayama est seulement prisonnier de son amour paternel et du sentiment intolérable d'avoir été mis à l'écart par sa fille. C'est en fait bien plus un problème formel que de fond. A partir de cet instant, un rapport de forces s'établit entre le père et la fille et Setsuko se retrouve dans l'obligation de défier l'autorité de son géniteur. Le personnage fait en cela écho à d'autre jeunes femmes des films d'Ozu, d'autres filles comme dans Printemps tardif, Début d'été, Le Goût du saké… L'humour n'est pas absent du film. Ainsi la discussion entre Hirayama
et ses amis: Ozu, comme à son habitude, emplit son film de pudeur. Les larmes lorsqu'elles coulent, qu'elles soient de tristesse ou de soulagement apparaissent toujours comme le dernier recours à la tension, au trop plein d'émotions retenues, jamais exprimées ou si rarement. L'émotion, elle, s'exprime par de longs silences contemplatifs. Le personnage se perd dans un abyme de réflexions que Ozu filme sans fard, intercalant juste quelques plans d'un objet (vase, théière, etc..) en un va-et-vient plus parlant que tout gros plan prolongé sur un visage changeant… L'émotion surgit aussi quand on ne l'attend pas. Ainsi de cette curieuse scène de Fleurs d'équinoxe, apparemment sans aucun lien avec le reste du film. Hirayama et ses anciens amis d'école se sont réunis pour un dîner. Et Mokami, poussé par les autres, se met à réciter (psalmodier serait plus juste) un magnifique poème de Masatsura Kunosoki . |
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