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American Beauty , film américain de Sam Mendes, sorti en 1999.

Distribution:

  • Kevin Spacey : Lester Burnham, le père
  • Annette Bening : Carolyn Burnham, la mère
  • Thora Birch : Jane Burnham, la jeune fille
  • Mena Suvari : Angela Hayes, la copine
  • Peter Gallagher : Buddy Kane, l'amant de Carolyn
  • Wes Bentley : Ricky Fitts, le fils des voisins
  • Allison Janney : Barbara Fitts, la voisine de la famille Burnham
  • Chris Cooper : colonel Frank Fitts, le voisin de la famille Burnham
  • Scott Bakula : voisin des Burnham, homosexuel.

Fiche technique:

  • Titre original : American Beauty
  • Réalisation : Sam Mendes
  • Scénario : Alan Ball
  • Production : DreamWorks SKG
  • Musique : Thomas Newman
  • Photographie : Conrad L. Hall
  • Montage : Tariq Anwar et Christopher Greenbury
  • Durée : 122 minutes
  • Dates de sortie : 8 septembre 1999
    2 février 2000 (France)

Oscars du meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleur acteur (Kevin Spacey) et meilleure photographie en 2000.

La famille Burnham semble être, au premier abord, une famille américaine ordinaire. Toutefois, le manque de communication et la frustration amènent vite à un dérèglement total : le père tombe amoureux de la jeune et jolie copine de sa fille tandis que la mère trompe son mari avec un homme d'affaires qu'elle admire. La fille, quant à elle, se rapproche du fils du voisin. Le film constitue une critique drôle et féroce du mode de vie américain.

Le spectateur connaît d'entrée la finalité de l'histoire: la mort du protagoniste. L'histoire est contée par le personnage principal lui-même. Il va montrer et commenter la dernière année de sa vie. Tout scénario est constitué de trois actes; ici, le récit lui même est morcelé en trois parties.

Dans la première partie, on découvre Lester, sa vie de minable, son travail et sa famille qui le méprise. La rencontre avec Angela va donner comme un sens à la vie de Lester et son nouvel objectif va être la conquête d'Angela, qui symbolise la beauté et surtout la liberté. Pour cela, il va faire de la musculation pour la séduire. Cet acte se clôt par la première rébellion de Lester contre la monotonie de sa vie et contre sa prison représentée par sa femme.

Dans la deuxième partie, Lester se libère, il redevient l'adolescent qu'il était et découvre un certain bonheur dans sa vie qu'il compare à un enfer. Il approche peu à peu de son but. La troisième partie du film montre la dernière journée de la vie de Lester Les personnages montrent tour à tour leurs raisons d'en vouloir à Lester peut-être jusqu'au point même de le tuer. Lester atteint son objectif mais se rétracte au dernier moment, réalisant son erreur, il accède à un bonheur bien plus grand encore: il devient un homme libre, serein, en accord avec lui-même et le monde qui l'entoure. C'est à ce moment-là malheureusement qu'il est assassiné.

Le film se termine par la réalité sur l'identité du meurtrier et par l'enseignement que Lester a reçu au moment de sa mort. American Beauty est une critique de la société américaine et dit ce que peu de films américains osent dire. C'est une critique de la société ordinaire américaine qui tente de cacher tant bien que mal des existences désastreuses. Kevin Spacey est brillant dans un rôle de lamentable perdant et de père de famille minable. Sa crise de la quarantaine va permettre de lever le voile sur des vies trop ordinaires pour être honnêtes.

Le film dénonce une société hypocrite dont la seule obsession est l'apparence extérieure de réussite (les protagonistes l'affirment eux-même: "Pour réussir dans la vie, il faut donner l'impression de réussir en toutes circonstances"). Cependant, cette société est rongée de l'intérieur par la frustration détruisant de cette manière le fameux rêve américain. American Beauty n'épargne rien ni personne; puritanisme, patriotisme, auto-motivation, pouvoir, et culture de l'entreprise en prennent pour leur grade.

Le film commence fort, montrant Kevin Spacey sous la douche en train de se masturber. Le personnage avoue dans le fond que c'est le meilleur moment de sa journée. Cela met en avant sa frustration sexuelle. Le personnage n'a, en effet, plus eu de relations sexuelles depuis fort longtemps avec sa femme qui est plutôt matérialiste, obsédée par l'argent, sa carrière, et le mobilier de sa maison. Sous ce semblant de bonheur marital apparaît un problème plus grave de la société américaine. À cause de cette frustration, le personnage est amené à fantasmer sur une des copines d'école de sa fille. Angela incarne parfaitement la beauté américaine représentée dans les fantasmes de Lester par des pétales de roses fraîches par opposition aux roses plantées et coupées dans le jardin de sa femme qui sont bien réelles et qui font référence à une beauté figée et à l'absence de désir sexuel.

Ceci dénonce une Amérique aux abords puritains où pourtant des pères de famille violent de jeunes filles. Cette frustration sexuelle est aussi visible chez Carolyn, qui trouvera satisfaction ailleurs, et chez le voisin, traduite par son homophobie témoignant d'une éducation puritaine où ces tendances sont rejetées. American Beauty s'attaque ensuite au patriotisme. Le voisin est un colonel à la retraite qui a fait de sa femme un zombie (elle est en fait atteinte de la maladie d'Alzheimer) et qui n'hésite pas à élever son fils vers le droit chemin à coup de poing. La réaction logique de ce dernier face à ces méthodes sévères et violentes fait de lui un trafiquant de drogues.

La vision de films de guerre imposée par le père fait référence à l'Amérique conservatrice. Mais là où le film va plus loin encore, c'est dans la dénonciation du fascisme qui résulte d'un patriotisme et d'une culture militariste exagérés. On découvre une assiette du Troisième Reich ornée d'une croix gammée dans la collection privée du colonel. Rickey ajoute la précision de la rareté de cet objet et la convoitise des collectionneurs concernant cet objet. Le film met ainsi le doigt sur l'hypocrisie d'une société qui bannit une nudité déclarée malsaine à la télévision mais qui, cependant, laisse vendre ouvertement des dagues SS et autres photos d'Hitler dans ses magasins d'antiquités.

Le film critique ensuite la culture du pouvoir par l'auto-motivation. Le film prend le parfait exemple du domaine de l'immobilier, l'une des industries les plus agressives et concurrentielles en Amérique. L'amant de Carolyn n'est autre que le "Roi de l'Immobilier". Il lui communiquera son secret de réussite, sa soif de pouvoir (tout en étanchant sa soif sexuelle). On nous montre ainsi un monde où donner l'illusion d'être un vainqueur est la clé du succès. Cette culture du pouvoir se fait aussi par l'écoute de cassettes d'auto-motivation qui est une culture propre à la société américaine. Cette culture peut prendre diverses formes: livrets, posters, vidéos... pour citoyens ordinaires en mal de réussite.

La sensation du pouvoir est également évoquée par le port d'armes à feu, visible par la collection d'armes du colonel et l'entraînement au tir que suit désormais Carolyn. American Beauty s'en prend enfin à la culture de l'entreprise. Lester est confronté à un jeune loup dont la présence sert seulement à justifier des licenciements abusifs. Le film ne s'attaque pas seulement à la précarité et aux raisons peu crédibles de licenciements, mais surtout aux abus qui règnent dans les grosses entreprises même. On a ici l'exemple d'une grosse compagnie de management dont les PDG s'offrent des call-girls sur le dos de la société et de Kevin Spacey qui fait du chantage au harcèlement sexuel.

Plus que toutes ces attaques précises, c'est le rêve américain qui en prend un coup. Pour la famille Burnham, le rêve américain est enfin atteint: les Burnham sont propriétaires d'une grande maison en banlieue avec un beau jardin, un beau mobilier, des salaires avantageux, une fille mignonne et raisonnable et un van. Pourtant, ce rêve américain est complètement discrédité et n'est qu'une illusion puisqu'aucun des personnages n'est heureux et que le noyau familial explose au final. Les personnages ont fait le choix de cette course au bonheur apparent pour paraître normaux en sacrifiant leurs passions personnelles jusqu'à en oublier même de vivre.

Seule la fille, le membre le plus lucide malgré son aspect marginal, comprend cette défaillance de la société. Elle ne trouvera le bonheur et la beauté qu'au travers de la caméra de son copain (le fils du colonel), lui aussi marginal et qui a été interné dans un hôpital psychiatrique. On a un doute sur leur santé mentale du à leurs confessions d'envies meurtrières. Finalement, tous deux vont retrouver la beauté du monde à travers la caméra qui constitue un filtre.

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